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01 Jan

Art, civilisation et christianisme : l’Art funéraire.

Publié par Léonard Putigny  - Catégories :  #Art et christianisme

Art, civilisation et christianisme : l’Art funéraire.

Débuter une réflexion sur l’Art, c’est questionner le rapport de l’homme à la création ; l’acte créateur répétant l’acte gestateur de l’enfantement. L’art nous ramène à la vie et à la mort de tout homme. Pour débuter notre cheminement, rien de tel que de se promener dans un cimetière, lieu de mémoire de nos ancêtres. La manière dont une civilisation se soucie de ses morts nous renseigne sur son degré de pérennité.

La nôtre semble bien mal en point. Souvenons-nous qu’à la suite de Paul Valéry, même les civilisations sont mortelles. Dans de nombreux cimetières, une partie importante des tombes monumentales chrétiennes sont délaissées, totalement abandonnées, endommagées, affaissées, écroulées, en ruines ou bien promise à une disparition irrémédiable du fait de cette petite pancarte qui trône fièrement sur la pierre tombale agonisante : Cette concession est échue. Veuillez vous adresser à la mairie – Service Etat-Civil. Ou bien Concession en état d'abandon. Procédure de reprise en cours. Que cela soit dû aux effets du temps, à la négligence de nos contemporains ou bien à des actes de vandalisme et de profanation, les concessions à perpétuité sont reprises les unes après les autres. Ce qui caractérisait le cimetière monumental chrétien semble s’effacer. La dimension patrimoniale, artistique et religieuse diminue au profit d’une modernisation, d’une uniformisation et d’une athéisation de la tombe. Le monument funéraire avec ses sculptures, ses vitraux, ses bas-reliefs, ses croix sculptées en fonte ou bien en marbre disparaît. Le cimetière du futur sera triste, impersonnel et en rupture avec notre civilisation aux fondements chrétiens.

Je suis surpris de voir que l’entretien des tombes de nos ancêtres n’est plus une priorité. Il y a de la honte et de la révolte à déambuler dans les allées d’un cimetière aux tombes soit victimes d’un défaut d’entretien ou bien en état d’abandon manifeste. Une partie de notre patrimoine tombe en ruines à commencer par les tombes de nos ancêtres qui ont contribué à nous transmettre la civilisation dans laquelle nous vivons. Et ce dans l’indifférence quasi générale. Je me souviens de Jacqueline Cuvier, auteur d’un ouvrage sur L’art funéraire à Nice, que j’avais rencontrée au monastère de Cimiez à Nice et qui m’avait parlé de l’association Les appels d’Orphée. Cette dernière œuvre pour la sauvegarde du patrimoine funéraire à Paris. Pourtant, elle demeure à l’heure actuelle peu connue et son action basée sur le bénévolat correspond à une goutte d’eau dans l’océan. Si dans certains cimetières, en particulier ceux des grandes villes, une tombe monumentale aura moins de chances de disparaître, cela est bien moins évident dans les cimetières de province. Cela traduit des années et des décennies de désintéressement pour notre patrimoine civilisationnel funéraire ; la majeure partie de ces tombes monumentales datant du dix-neuvième siècle. C’est là que l’Art peut jouer un rôle mémoriel.

A défaut de pouvoir toutes les restaurer – une mission qui semble impossible au regard du manque de place pour les nouveaux prétendants -, il ne reste qu’à photographier leur agonie du moins pour une petite partie d’entre elles. Idéalement il faudrait toutes les immortaliser. C’est impossible. Une grande partie est condamnée à une mort à l’image. La photographie étant déjà une lutte contre la mort ; photographier ce dont nous provenons et qui est promis à la disparition est un témoignage majeur de notre civilisation d’antan, pour les générations futures. Cela permet aussi d’honorer maladroitement une dernière fois nos ancêtres.

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